Mon nom est MichaĂ«l Higgburger et je vis ici Ă lâashram de RÄmaáča depuis 16 ans. Avant cela, jâhabitais aux Etats-Unis et je mâapprĂȘtais Ă prononcer des vĆux monastiques dans un ordre bĂ©nĂ©dictin lorsque, juste avant de mâengager dĂ©finitivement, jâai eu lâopportunitĂ© incroyable de pouvoir voyager pendant deux mois. Je suis venu en Inde en sachant, quâaprĂšs ce voyage, je ferais vĆux de stabilitĂ©, intĂ©grerais la clĂŽture, et donc, ne pourrais plus sortir de mon ordre bĂ©nĂ©dictin. CâĂ©tait en 2000. Pendant ma formation bĂ©nĂ©dictine, jâavais lu tous les livres dâHenri le Saux, SvÄmi AbhishiktÄnanda. Jâavais entendu parler dâAruáčÄchala montagne sacrĂ©e Ă Tiruvannamalai dans le Tamil-Nadu, est considĂ©rĂ©e par les fidĂšles comme la manifestation de Ćiva et je mâĂ©tais dit que, si jâen avais un jour lâopportunitĂ©, câest lĂ que jâirais. Lors de la premiĂšre nuit que jâai passĂ©e ici, jâai senti quelque chose de trĂšs trĂšs fort qui mâa pris aux tripes ». Jâai perçu lâintensitĂ© de la mĂ©ditation des gens qui Ă©taient autour de moi et jâai aussitĂŽt pensĂ© quâil mâallait ĂȘtre trĂšs difficile de repartir aprĂšs les deux mois qui mâĂ©taient accordĂ©s. Dans le monastĂšre câĂ©tait trĂšs confortable. JâĂ©tais trĂšs bien entourĂ©. Mais, Ă lâextĂ©rieur du monastĂšre, la vie amĂ©ricaine ne soutenait pas la recherche spirituelle. Avec le recul, je me rends compte que jâĂ©tais sans cesse obligĂ© de justifier mon choix de ne pas vouloir entrer dans les valeurs amĂ©ricaines de notre Ă©poque consommer beaucoup, avoir des enfants, devenir trĂšs riche⊠Je ne voulais pas de cela. Et mon dĂ©sir de vivre une vie monastique venait en partie de ce refus. MĂȘme, Ă lâintĂ©rieur de lâEglise, je devais toujours justifier mon appel Ă la contemplation parce que, cette partie contemplative et mystique, mĂȘme dans lâEglise, reste Ă la lisiĂšre et nâest pas vraiment admise. Ici, câest incroyable ! Partout, mĂȘme dans les rickshaws, il y a des priĂšres. Tout le monde soutient cette ferveur et vit cette foi. Aussi, quand jâai mis le pied en Inde, ai-je tout de suite compris que toute cette lutte intĂ©rieure Ă©tait rĂ©solue parce que jâĂ©tais arrivĂ© dans un lieu qui soutenait la vie contemplative que je dĂ©sirais et que, mĂȘme dans lâordre bĂ©nĂ©dictin dâoĂč je venais, ordre pourtant contemplatif, jâavais du mal Ă vivre. A la fin de ces deux mois je nâai pas pu repartir. Mon billet dâavion Ă©tait perdu. Jâai tĂ©lĂ©phonĂ© au monastĂšre qui mâa accordĂ© une extension de quatre mois. Et jâai achetĂ© un deuxiĂšme billet de retour. Vint le moment de partir. La voix de MichaĂ«l se voile. Jâavais mis tout ce que jâavais dans une malle pour les expĂ©dier au monastĂšre et nâavais gardĂ©, pour la derniĂšre nuit, quâun petit sac pour y mettre mes derniĂšres affaires. Mais, physiquement, je ne pus rien mettre dans le sac. Quelque chose mâen empĂȘchait. CâĂ©tait la premiĂšre fois de ma vie que cela mâarrivait. Je suis allĂ© Ă lâashram de RÄmaáča. Jây ai rencontrĂ© une femme Ă laquelle jâexpliquai que je devais partir le lendemain aux Ătats-Unis mais que je nâarrivais pas Ă faire mon sac. Elle mâa dit Rentre dans ta chambre, va dormir, et demain tu sauras ». Le lendemain je nâai pas pu prendre le taxi. Ce fut trĂšs difficile. Mon sĂ©jour ici avait durĂ© six mois et, pendant les deux derniers mois jâai vĂ©cu une intense lutte intĂ©rieure. Dâune part, jâavais un engagement de vie monastique dans lâordre bĂ©nĂ©dictin, un milieu chrĂ©tien, et, dâautre part, en rĂ©sidant ici, dans lâashram, dans un milieu hindou, jâavais une grande ouverture. Ce fut, en moi, une lutte vraiment trĂšs intense et ce jour oĂč je nâai pas pu prendre le taxi fut trĂšs dur Ă gĂ©rer. Jâai cru que je devenais fou ! Ensuite ce ne fut pas facile non plus. Si, aujourdâhui, jâai un lien trĂšs fort avec ma communautĂ© bĂ©nĂ©dictine qui mâa beaucoup soutenu â jây suis retournĂ© derniĂšrement â au dĂ©but, jâavais coupĂ© tout lien avec elle. Je ne faisais plus partie de cet ordre. Quand je considĂšre ma vie dans les faits, ma vocation contemplative catholique est devenue une vie dâashram hindou en Inde. Mais ce nâest pas une transformation, câest plutĂŽt un dialogue. Un dialogue entre le monde chrĂ©tien occidental et le monde hindou indien. Et je me sens toujours catholique. Q ? A quel ordre Ă©tiez-vous rattachĂ© ? A lâordre des Camaldules, qui est une branche rĂ©formĂ©e des bĂ©nĂ©dictins. Q ? Comme le PĂšre John Martin ? Oui, lâashram de Shantivanam est rattachĂ© Ă cet ordre depuis 1984. John Martin est aussi Camaldule. Si, au bout de 16 ans, je fais le bilan de cette lutte intĂ©rieure entre lâĂ©ducation reçue et mes choix de vie, un peu comme Henri le Saux qui, lui aussi, est passĂ© par ces grandes luttes, je touche peut-ĂȘtre la question de ce siĂšcle. Il est possible que lâEglise ait perdu le feu mystique et que lâon cherche Ă le raviver. Câest ce quâa fait Henri le Saux en venant ici. Il a ravivĂ© le feu mystique de lâEglise, peut-ĂȘtre pour le ramener au cĆur de lâEglise mais aussi pour aider dâautres chercheurs qui sentaient Ă©galement ce feu perdu. Je ne peux pas blĂąmer lâEglise parce que nous sommes tous lâEglise mais nous assistons peut-ĂȘtre Ă la mort de notre civilisation. Câest sans doute effrayant, mais, en mĂȘme temps, quelque chose dâextrĂȘmement prometteur surgit. Jâen suis tĂ©moin chaque jour en rencontrant tous les chercheurs qui viennent ici. Câest, probablement, ce que nous cherchons tous ici. La foi de nos parents, de nos grands-parents, consistait Ă demander Ă JĂ©sus son aide, son assistance. Câest la foi du credo que lâon proclame tous les dimanches Ă la messe. On pourrait dire, ici en Inde, que câest la voie de lâabandon. On sâabandonne Ă cette volontĂ© divine, on demande de lâaide pour ĂȘtre guidĂ© dans notre quotidien. Mais je ne pense pas que la prochaine gĂ©nĂ©ration soit appelĂ©e Ă la mĂȘme foi. Ce nâest plus la mĂȘme chose. Ce qui se dessine nâest pas trĂšs clair mais, il est sĂ»r que nous passons Ă autre chose car notre foi ne peut plus ĂȘtre la mĂȘme aujourdâhui. Nous sommes de plus en plus ouverts sur le monde. Nous recevons aujourdâhui toute lâinformation disponible sur les autres traditions, sur les dĂ©couvertes scientifiques⊠La foi post-Vatican II nâa plus rien Ă voir, de prĂšs ou de loin, avec ce qui se passait il y a 150 ans en arriĂšre. De la foi proclamĂ©e Ă la recherche dâexpĂ©rience directe Dâune relation au credo oĂč nous affirmions notre foi dâune maniĂšre formelle et structurĂ©e, nous passons maintenant Ă une recherche dâexpĂ©rience directe. Je ne sais pas trĂšs bien ce qui se dessine mais il y a un changement. A lâintĂ©rieur mĂȘme des ordres contemplatifs oĂč lâaccent est mis sur la rĂ©citation du credo et oĂč on doit faire sienne cette foi qui se proclame, il semble maintenant que proclamer une foi qui nâest pas expĂ©rimentĂ©e ne satisfasse plus complĂštement. JusquâĂ prĂ©sent, les ordres contemplatifs se rĂ©fĂ©raient Ă lâĂ©vangile dans lequel apparaissent Marthe et Marie. Lâexemple de Marie, qui choisit la contemplation, permettait de justifier un mode de vie tout Ă fait valide la vie contemplative. Mais, aujourdâhui, dans notre vie, il y a certainement un peu de Marthe et de Marie et cela est nouveau. Cependant les laĂŻcs ne sont pas guidĂ©s dans une voie intĂ©rieure, une voie contemplative. Dans la tradition monastique japonaise il existe deux voies la voie Jiriki, voie contemplative dans laquelle on cherche lâexpĂ©rience en soi-mĂȘme et la voie Tiriki dans laquelle on demande au Bouddha de prendre en charge sa vie. Les pratiquants rĂ©citent alors tous les noms du Bouddha. Dans notre tradition occidentale, il existe aussi une partie faite de rĂ©citations, de sacrements, du credo, et une partie qui, jusquâĂ prĂ©sent rĂ©servĂ©e aux contemplatifs, consistait en recherche intĂ©rieure, en priĂšres intĂ©rieures. Il semble maintenant que, pour plusieurs raisons, ces deux aspects se rencontrent et que nous assistons Ă lâĂ©mergence dâun nouveau paradigme. La vie de foi que nous expĂ©rimentons aujourdâhui est bien diffĂ©rente de celle des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. Je ne vais pas rentrer dans toutes les raisons de ce changement mais lâune dâelles me semble particuliĂšrement importante. Peut-ĂȘtre mĂȘme est-ce la principale. Le sol sur lequel la foi reposait est devenue mouvant et instable. Nous ne vivons plus dans le monde ancien. Nous vivons un temps nouveau dans lequel apparaissent des personnes en recherche spirituelle et qui, dâune façon trĂšs diffĂ©rente de celle dâavant, se mettent en quĂȘte intĂ©rieure du bonheur. Moi-mĂȘme me suis posĂ© longtemps la question de savoir pourquoi jâai fait ce grand saut de lâOccident jusquâen Inde. Ici, je vois passer des milliers de chercheurs qui viennent chaque annĂ©e et je constate que quelque chose Ă©merge. LâĂ©tĂ© dernier, je suis retournĂ© aux Ătats-Unis aprĂšs une trĂšs longue absence. Jâai Ă©tĂ© extrĂȘmement Ă©tonnĂ© du sĂ©rieux de la recherche des personnes que jâai rencontrĂ©es. CâĂ©tait tout Ă fait nouveau pour moi. Mais cette recherche ne se fait plus dâune maniĂšre traditionnelle. La blessure du cĆur On pourrait passer des jours Ă essayer de rĂ©pondre Ă cette grande question Quâest-t-il en train dâarriver ? Que se passe-t-il ? NĂ©anmoins, je suis sĂ»r que ce qui se vit en Occident, que ce soit dans la culture amĂ©ricaine 3 ou europĂ©enne, ne peut pas sâappliquer Ă ce qui est ressenti ou vĂ©cu ici dans la culture de lâOrient. En Occident il y a vĂ©ritablement un basculement dans notre mode de recherche, mais ce basculement ne sâapplique pas ici. Ici rien nâa vraiment changĂ©. Dans le monde occidental ce basculement est dĂ» Ă une sorte de blessure psychique collective qui conduit Ă vouloir panser cette blessure et trouver des modes de guĂ©rison. Cela passe souvent par les psychothĂ©rapies. Et ces psychothĂ©rapies sont complĂ©mentaires Ă cette recherche intĂ©rieure que je vois Ă©merger. Cette blessure, presque universelle en Occident, je lâappelle la blessure du cĆur ». Câest une blessure centrale, profonde qui pourrait ĂȘtre liĂ©e Ă la perte de notre innocence. Et nous cherchons comment tenter de la rĂ©parer, comment tenter de la retrouver. Je vais dĂ©velopper. En 1982, un grand Ă©vĂ©nement eut lieu. Autour du DalaĂŻ-Lama, des moines de mon propre clergĂ© mais aussi des moines bouddhistes dâOccident se sont rĂ©unis pour rĂ©flĂ©chir Ă cette blessure, Ă ce qui se passait en Occident. Ils ont dĂ©couvert, quâen Occident, les gens avaient une trĂšs mauvaise estime dâeux-mĂȘmes. Lors de ce grand rassemblement, quelque chose a Ă©mergĂ© qui a beaucoup Ă©tonnĂ© le DalaĂŻLama et les moines prĂ©sents. QuestionnĂ©s un par un, tous ceux qui venaient dâOccident, sans exception, portaient cette blessure, ce manque dâestime de soi. Ils ne savaient pas trop quoi en faire mais câĂ©tait apparu ainsi. Je pense que câest probablement une blessure universelle. Cependant, ici, dans la culture dâAsie et en Inde, elle ne domine pas. Ici, en Inde, il est possible de vivre avec des personnes qui ne portent pas cette blessure. Cette blessure que nous, occidentaux, portons, provient de notre culture, de notre tradition religieuse et de notre hĂ©ritage. Cela met en lumiĂšre ce contraste entre Orient et Occident. Je me suis rendu compte que toute ma recherche intĂ©rieure Ă©tait fondĂ©e sur le dĂ©sir de mâamĂ©liorer, sur mon dĂ©veloppement personnel. Câest trĂšs courant en Occident et il existe des bibliothĂšques entiĂšres sur ce sujet qui expliquent comment devenir plus performant etc. Câest trĂšs juste et ça a tout son sens en Occident mais, du point de vue de Dieu, du point de vue de lâamour, câest une Ă©norme violence que lâon se fait et câest une mauvaise voie. Câest une belle idĂ©e en soi mais qui contient une erreur fondamentale. Dans les grandes traditions, tous les grands mystiques le disent le cĆur mĂȘme de notre personne, ce qui, en outre, est trĂšs vulnĂ©rable, câest Dieu. Et on ne peut pas vouloir sâamĂ©liorer ou se rendre plus acceptable pour mĂ©riter lâamour de Dieu. Câest une terrible violence et câest une impasse. On nâen a pas conscience. Si nous considĂ©rons nos motivations, les intentions qui sont derriĂšre nos actions, ce dĂ©sir de je veux mâamĂ©liorer », je veux ĂȘtre meilleur » ce que je dis nâest pas une critique, ce dĂ©sir devient le terreau de notre recherche. Or ce nâest pas le message divin. Ce nâest pas ce que nous sommes. Parce quâĂ partir de lĂ , notre recherche se fonde sur il nous manque quelque chose » et nous pensons que nous ne sommes pas complets. MĂȘme chez les mystiques, il y a ce fond je ne suis pas digne de recevoir Dieu, je ne suis pas complet ». Câest le nĆud de lâaffaire, câest le piĂšge dans lequel on tombe. Il est difficile de dire dâoĂč cela vient. Câest probablement une surenchĂšre portĂ©e sur le pĂ©chĂ© originel, mĂȘme chez ceux qui ne sont pas croyants. Nous portons tous le poids de ce pĂ©chĂ© originel et de tout ce qui en dĂ©coule dans nos cellules mĂȘmes. Dans le canon pÄli est une langue indo-europĂ©enne utilisĂ©e encore aujourdâhui comme langue liturgique dans le bouddhisme theravada, le bouddhisme originel ancien, il y a un terme qui est bhÄvatÄna. TÄna signifie la soif, dĂ©sir ardent. Dans la tradition du bouddhisme Theravada lâorigine du problĂšme, notre sensation dâinsuffisance, a Ă©tĂ© pointĂ©e. En Occident, nous avons un dĂ©sir ardent de devenir, dâĂȘtre autre chose que ce nous sommes. Et si, dans notre quotidien, dans nos actes, dans tout ce que nous entreprenons, nous tentons de saisir la motivation, nous nous apercevons que, bien souvent, cette motivation de lire, dâaller sur Internet, de participer Ă des stages, de faire des recherches etc⊠puise son origine dans notre sensation dâĂȘtre insuffisant. Nous ne sommes jamais assez » quelquâun et nous voulons toujours devenir davantage. Nous pouvons donc tenter de repĂ©rer dâoĂč vient cette ardeur Ă nous transformer, Ă devenir quelquâun dâautre⊠Pourtant toutes les traditions spirituelles nous parlent de notre complĂ©tude originelle. HĂ©las, nous faisons comme si nous nâavions pas entendu. Toutes les traditions enseignent que nous ne devons pas devenir autre et tant que nous pensons que nous pouvons accroĂźtre ce que nous sommes en acquĂ©rant de lâexpĂ©rience, en multipliant les connaissances, les expĂ©riences, en allant voir toujours plus de maĂźtres, en lisant plus de livres, nous sommes dans lâerreur. Câest exactement le contraire quâil faut faire et toutes les voies contemplatives en parlent. Dans la tradition chrĂ©tienne il sâagit de la voie apophatique4 , la voie nĂ©gative. Il ne sâagit pas de passer de ce que vous ĂȘtes Ă quelque chose dâautre, câest tout le contraire revenir Ă soi, enlever les couches de tout ce quâon a accumulĂ© et dĂ©couvrir que le royaume câest soi-mĂȘme, câest vous-mĂȘme. Et ce vous-mĂȘme câest votre innocence. Vous nâĂȘtes pas le lutteur qui cherche Ă devenir. Pour revenir au dĂ©but cette conversation oĂč nous nous demandions pourquoi le fait de simplement rĂ©citer le credo ne suffit plus et ne fonctionne plus, câest parce que nous avons perdu cette connexion au Soi. Câest une perte collective. La mauvaise nouvelle, câest que nous avons pu prendre une mauvaise voie mais, la bonne nouvelle, câest que ce que nous cherchons, nous le sommes dĂ©jĂ . Nous le portons en nous. Bouddha disait que deux choses importantes Ă©taient requises pour une quĂȘte spirituelle dâabord commencer la quĂȘte, se mettre en chemin, puis continuer. Alors, quand nous nous apercevons que la direction suivie est mauvaise, il nous faut simplement tenter autre chose. Ce dont nous parlons en ce moment ne met nullement en avant la religion hindoue ou bouddhiste. Câest aussi ce qui se passe dans notre tradition chrĂ©tienne. LâĂ©vangile nous appelle Ă lâamour et lâAmour ultime est bloquĂ© si nous ne sommes pas capables de nous aimer nous-mĂȘmes. JĂ©sus a vĂ©cu la mĂȘme chose sur la croix, les quatre membres immobilisĂ©s, clouĂ©s. Sa crucifixion symbolise lâĂ©chec de nos possibilitĂ©s humaines, de notre mental qui possĂšde savoirs et connaissances qui ne nous servent Ă rien. Le PĂšre semble avoir disparu. Mais quand JĂ©sus clame Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi mâas-tu abandonnĂ© », le miracle se produit. Câest une rĂ©volution qui sâopĂšre Ă ce moment-lĂ . Câest lâapparition dâun nouveau paradigme. LĂ , sur la croix, cet homme qui nâa plus rien ne supplie pas son pĂšre de le sauver. Il va dire pardonne-leur car ils ne savent pas ce quâils font ». A cet instant, la transformation est totale. JĂ©sus est lĂ , au cĆur de sa vulnĂ©rabilitĂ©, au cĆur de sa brisure, de sa blessure. Nous pouvons comprendre que le plus grand obstacle qui nous empĂȘche de trouver Dieu, câest de vouloir cacher cette blessure au monde, de se la cacher Ă soi-mĂȘme. Mais sachons que câest au cĆur-mĂȘme de cette blessure, de cette brisure, que nous trouvons Dieu. Cette scĂšne de la croix est une rĂ©volution. Le Dieu quâon invoquait chez des HĂ©breux en accomplissant des sacrifices nâa plus lieu dâĂȘtre. DĂ©sormais cela passe par le cĆur brisĂ© car câest le cĆur brisĂ©, blessĂ©, qui est la source de lâamour. Mais il faut quâil y ait cette ouverture, cette reconnaissance de la blessure. Or, souvent, nous protĂ©geons notre blessure, nous lâenfermons entre des murs, en vain. Ces tentatives deviennent des obstacles. Nous pensons que ces murs nous protĂšgent de la souffrance. En rĂ©alitĂ©, ils nous Ă©loignent de lâamour, ils nous sĂ©parent de lâAmour que nous sommes et qui est Dieu. Avant sa crucifixion, pendant sa nuit dâagonie, JĂ©sus lutte et prie pour ne pas passer par lâĂ©preuve mais, finalement, il accepte Que volontĂ© ta volontĂ© soit faite ». Alors, lorsquâil est sur la croix, lâamour jaillit. Au lieu de blĂąmer, de maudire, ce quâil aurait trĂšs bien pu faire, câest lâamour qui jaillit. Il devient Amour. Dans la tradition juive de lâĂ©poque de JĂ©sus, il nây avait aucune notion dâincarnation, aucune pensĂ©e que Dieu puisse sâincarner sous une forme humaine. Aussi sommes-nous ici au cĆur du nouveau paradigme chrĂ©tien, JĂ©sus ne dit pas adorezmoi » mais suivez-moi ». Mais nous nâavons pas entendu et sommes restĂ©s dans cet ancien fonctionnement dâadoration. Nous mettons JĂ©sus trĂšs haut sur la croix, inatteignable. Nous nous reprĂ©sentons trĂšs en deçà , pauvres pĂȘcheurs » et, faisant cela, il nous est impossible de le suivre et, continuellement, nous trahissons la demande du Christ, son commandement qui ne dit pas adorez-moi » mais suivez-moi ». Câest peut-ĂȘtre ce qui aujourdâhui, 2000 ans plus tard, commence Ă se rĂ©veiller. Câest peutĂȘtre ce que nous devons faire, le suivre, câest-Ă -dire, dĂ©couvrir que Dieu rĂ©side en nous-mĂȘmes et que la source de lâamour est lĂ . Q ? Comment, en Occident, pouvons-nous retrouver cette estime de nous-mĂȘmes ? Comment revenir recontacter, réécouter, le rien » pour retrouver notre Ăąme ? Nous arrivons lĂ au point central de notre discussion. Comment faire lorsque nous avons conscience quâil y a un problĂšme et comment faire de maniĂšre pragmatique ? La rĂ©ponse est simple il faut retourner au lieu de la brisure. Dans toutes les histoires, les contes pour enfants, les contes de fĂ©es de toutes les traditions, on retrouve cette notion. Le hĂ©ros doit aller au fond dâun puits, dâun lac⊠Il doit aller dans ce lieu effrayant, sây retrouver seul, et rencontrer le dragon. Ensuite il va pouvoir sauver la princesse. La princesse symbolise le Soi. Nous devons rencontrer et faire face aux dragons, Ă nos dĂ©mons. Dans la vie contemplative nous connaissons bien cela. Ceux qui sont habituĂ©s Ă une longue pratique de la contemplation, en silence avec soi-mĂȘme, ils rencontrent inĂ©vitablement les dragons, les dĂ©mons. Il est certain que ces pratiques conduisent Ă ces rencontres, mais ce nâest pas grave. Si nous sommes capables de rester, de tenir, nous allons nous apercevoir que ces dĂ©mons ne sont que du vent. Par contre, si nous faisons tout pour Ă©viter dâaller dans ce lieu et Ă©viter les dĂ©mons, ils vont devenir monstrueux. La rĂ©ponse est donc celle-ci retournez Ă lâendroit de la brisure. Q ? Quand nous Ă©tudions la tradition occidentale, on nous dit que Dieu est au-dessus de nous ou Ă lâextĂ©rieur de nous. Il est assez facile dâadorer un dieu extĂ©rieur parce quâon le prie, on lâadore, on lui demande pardon, on lui rend compte de ce quâon a fait⊠Mais trouver Dieu Ă lâintĂ©rieur de soi et se responsabiliser comme le font les traditions orientales est une autre paire de manches. Dâautre part, nous pouvons constater un grand regain des Ă©glises Ă©vangĂ©listes qui ont beaucoup de succĂšs et, en mĂȘme temps, beaucoup de personnes mĂ©ditent. Alors quâest-ce qui prĂ©domine ? De quel cĂŽtĂ© penche la balance ? Y-a-t-il un mouvement plus important quâun autre ? Enfin, comment trouver Dieu Ă lâintĂ©rieur de nous ? Je ne dis pas que nous devons choisir. Nous sommes appelĂ©s dans lâune ou lâautre des voies. Celle de lâadoration extĂ©rieure ou celle dâune quĂȘte intĂ©rieure. Ce qui est certain, câest que, dans toutes les traditions et toutes les cultures du monde, cette recherche intĂ©rieure de Dieu, est fondamentale. Ce nâest pas une question de mode ça a toujours Ă©tĂ© lĂ . En Californie il y a un nombre incroyable de mouvements de mĂ©ditation. Dans chaque quartier des cours sont donnĂ©s aux enfants pour leur apprendre Ă mĂ©diter. Bien sĂ»r, il ne sâagit pas dâarrĂȘter tout ce que lâon fait pour se mettre Ă mĂ©diter, mais cette quĂȘte intĂ©rieure, cette pratique de lâintĂ©rioritĂ©, est Ă coup sĂ»r la garantie que notre vie va changer dans le prĂ©sent dâabord mais aussi dans le futur pour de multiples raisons. Je pense que la principale raison de cette recherche intĂ©rieure est la souffrance. Bien sĂ»r, il y a toujours eu de la souffrance, câest la condition mĂȘme de toute vie mais, la souffrance dont nous faisons lâexpĂ©rience Ă notre Ă©poque, ne peut pas ĂȘtre guĂ©rie ou rĂ©solue par les anciens systĂšmes. Je ne parle pas des systĂšmes qui remontent Ă la Tradition, mais de ceux de nos parents et grandsparents. Lâinnocence qui sous-tendait lâEglise de jadis a disparu. Aujourdâhui, le point dâorgue de cette rĂ©volution de lâĂ©vangile, pour sortir de notre blessure, est de plonger au cĆur mĂȘme de la blessure. Les voies de la psychothĂ©rapie conduisent Ă passer Ă travers la blessure. Nous ne pouvons pas faire lâĂ©conomie dâun passage Ă travers nos souffrances et nos blessures. Il nây a pas dâissue en dehors de cette traversĂ©e qui demande dâexpĂ©rimenter notre souffrance, non de la fuir. La crucifixion de JĂ©sus en est un grand symbole. Car comment pourrait-on reprĂ©senter cette souffrance massive au niveau du corps, du mental, du psychisme, dâune autre façon que celle dâĂȘtre clouĂ© sur la croix ? La seule issue câest dâaller au cĆur mĂȘme de la blessure. La mauvaise nouvelle dans tout cela câest que nous devons passer par la douleur. Câest une douleur bien rĂ©elle que nous rencontrons. La bonne nouvelle câest la dĂ©livrance. Il y a un trĂšs beau passage dans lâĂ©vangile de Thomas, non reconnu dans le droit canon, qui rapporte ces paroles du Christ Si tu veux sortir et mettre dehors ce qui te ronge, ce qui est Ă lâintĂ©rieur, cela te sauvera et te rendra libre. Mais si tu ne le fais pas, ce qui est Ă lâintĂ©rieur te dĂ©truira ». Je vais reprendre un poĂšme, Ă©crit par David Whyte un Irlandais. Cela se passe au NĂ©pal dans les annĂ©es 1970. David Whyte a environ 25 ans. Il arrive dans un petit village isolĂ© qui sâappelle Braga. Il veut aller voir un temple proche mais trouve les portes fermĂ©es. Il attend le prĂȘtre qui a les clĂ©s. Ă lâentrĂ©e de ce temple il y a une reprĂ©sentation que lâon trouve trĂšs frĂ©quemment qui sâappelle VajrapÄni. Câest un dĂ©mon moitiĂ© homme-moitiĂ© femme. La moitiĂ© homme, Vajra, porte un couteau qui tranche les illusions de lâego. La moitiĂ© femme, PÄni, est lâaspect fĂ©minin. David Whyte attend lâouverture des portes en contemplant cette sculpture. Alors que prĂšs de la porte, Nous voyons la figure terrible, Les yeux fĂ©roces demandant Allez-vous passer? Cinq ou six autres personnes attendent. Le prĂȘtre arrive avec une lanterne. Et, quand il entre, il Ă©claire lâintĂ©rieur et dirige la lumiĂšre vers la voĂ»te de ce petit temple. Ce que le jeune homme voit alors est incroyable, indicible. Tout en haut, sont sculptĂ©s dans le bois, les visages des bodhisattvas, des Ă©veillĂ©s dans la tradition bouddhique. Câest magnifique ! ĂclairĂ© Ă la lanterne parce quâil fait trĂšs noir, lâensemble est saisissant. David Whyte, se demande qui a pu sculpter avec tant dâamour ces visages qui incarnent le silence et lâamour. Il est certain que le sculpteur a contactĂ© quelque chose de grand et devait vivre lui-mĂȘme de ce silence. Suite Ă cette expĂ©rience David Whyte Ă©crit MichaĂ«l cite et commente Ă la fois le poĂšme. âŠSi seulement nos propres visages permettaient Ă lâinvisible, le sculpteur, le crĂ©ateur, dâamener lâamour Ă la surface⊠Le sculpteur invisible, câest le crĂ©ateur, câest Dieu. âŠSi nous savions, comme le sculpteur invisible, creuser le bois avec lâinstrument qui tranche, le ciseau Ă bois, jusquâau cĆur du bois, et aller jusquâau cĆur de la matiĂšre⊠Ce sont tous les dĂ©fauts prĂ©sents dans le bois qui permettent, avec le ciseau, dâaller jusquâau cĆur, de faire transpirer lâamour. Ce ne sont pas des erreurs, des failles dans le bois, câest, au contraire, ce qui guide la main du sculpteur pour aller au cĆur. Si nous Ă©tions capables dâĂȘtre, comme le sculpteur cĂ©leste guidĂ© par les dĂ©fauts du bois, guidĂ©s par les dĂ©fauts de notre chair, nous nous servirions aussi de nos dĂ©fauts et ne serions pas saisis par la peur⊠LĂ oĂč sont nos failles et nos dĂ©fauts, lĂ aussi est la porte dâentrĂ©e pour aller au cĆur de nous-mĂȘmes. Tant que nous luttons,nos yeux sont blessĂ©s par le chagrin,et nos bouches sont assĂ©chĂ©es par la douleur. Si nous pouvions nous abandonner aux coups du ciseau du sculpteur invisible, les lignes de nos visages deviendraient des riviĂšres qui nourriraient la mer,lĂ oĂč les voix se rencontrent, et nous parlerions des crĂ©atures de la montagne, du ciel, et des nuages. Si nous Ă©tions capables de nous livrer au couteau du sculpteur invisible, nos visages changeraient chaque jour, se transformeraient chaque jour, deviendraient plus jeunes chaque jour, et nous nous rassemblerions tous au confluent de toutes les cĂ©lĂ©brations. Dans ce poĂšme, dont seule la fin est citĂ©e, ce sont les parties les plus honteuses, les plus rĂ©primĂ©es et plus condamnĂ©es de nous-mĂȘmes, nos impuretĂ©s, notre Ă©goĂŻsme, nos aviditĂ©s⊠toutes ces choses qui restent dans lâombre, qui deviennent les chemins vĂ©ritables du Seigneur. Il est dit dans lâĂ©vangile quâil ne faut rien laisser de nous-mĂȘmes en arriĂšre. Cela veut dire que nous devons avoir un esprit de misĂ©ricorde pour toutes nos zones dâombre. Mais aussi les reconnaĂźtre, les aimer et se pardonner. LĂ nous pouvons comprendre la misĂ©ricorde de Dieu qui pardonne. Par contre si nous les laissons en arriĂšre, si nous ne nous en occupons pas, si nous ne les aimons pas, nous ne pouvons pas ĂȘtre heureux et ne pouvons pas dĂ©couvrir lâamour de Dieu. Je pense bien sĂ»r, quâun travail sur soi est nĂ©cessaire. Mais jâai du mal Ă dire que les lectures ne nous aident pas. Vous nous avez dit, câest en tout cas ce que jâai compris, que ce nâĂ©tait pas la peine de lire des tas de choses mais, pour ma part, jâai besoin de lectures pour avancer. Tout Ă fait dâaccord. Q ? Comment ne pas confondre cette quĂȘte intĂ©rieure qui nous dĂ©livrerait et nous permettrait de retrouver notre innocence avec une introspection qui augmenterait encore notre ego narcissique. Comment ne pas se tromper ? Oui câest un problĂšme. Câest une difficultĂ© qui nous fait prendre conscience que nous sommes vraiment Ă un carrefour, sur une ligne de crĂȘte. Câest vraiment un problĂšme parce que, ce moi narcissique, cet ego, ne lĂąche pas facilement le terrain. Il revient Ă chaque fois que nous tentons de trouver une voie pour le court-circuiter ou simplement pour le faire tenir tranquille. Il trouve un autre chemin et se rĂ©affirme. Lâego est la derniĂšre chose qui sâabandonne et il demeure un problĂšme jusquâau bout. Il existe des voies qui proposent de tuer lâego. Mais ce nâest pas la bonne façon de faire. Il est prĂ©fĂ©rable de sâobserver, de se rendre compte que nos actions, nos comportements ne sont motivĂ©s que par ce que lâon dĂ©sire pour soi. La cause de ceci est que nous ne nourrissons pas assez notre propre cĆur. Nous devons avoir une attitude bienveillante avec notre ego et, en mĂȘme temps, nourrir le vrai Soi. FIN Traduction simultanĂ©e Claire Dagnaux Transcription et notes Jacqueline Danigo Interview rĂ©alisĂ©e par lâassociation Chemins de Shanti le 2 janvier 2017
soustrayable adj. que l'on peut soustraire passage obligĂ© nm. Ă©tape que l'on ne peut Ă©viter [Fig.] imprivatisable adj. que l'on ne peut pas privatiser créé par Christian Estrosi en parlant de la Poste transgressible adj. que l'on peut transgresser, enfreindre Sur le modĂšle d'intransgressible, intransgressable. ! sieste nf n. repos que l'on prend aprĂšs le dĂ©jeuner chasse gardĂ©e n. domaine, terrain que l'on se rĂ©serve figurĂ© ex la politique Ă©trangĂšre est la chasse gardĂ©e du chef de l'Ă©tat ! genera non percunt n. lorsqu'on est dĂ©biteur d'une chose de genre, on ne peut s'abriter, pour se soustraire Ă l'exĂ©cution, derriĂšre le fait que les objets que l'on voulait livrer ont pĂ©ri ; on peut toujours se procurer des biens Ă©quivalents pour satisfaire Ă son obligation. [Leg.] peser ses mots v. faire attention Ă ce que l'on dit, ne pas exagĂ©rer, dire des choses dont on est sĂ»r c'est vraiment un spectacle incroyable, et je pĂšse mes mots! bienvenue au club ! exp. se dit pour indiquer Ă son interlocuteur que l'on est dĂ©jĂ plusieurs dans la mĂȘme situation [familier] Ex. "- J'en ai marre du mauvais temps ! - Bienvenue au club !". mieux vaut tenir que courir exp. il vaut mieux se satisfaire de ce que l'on a rĂ©ellement, mĂȘme si c'est moins que ce que l'on peut espĂ©rer, mais que l'on n'est pas sĂ»r d'obtenir voir aussi "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras" parce que je le vaux bien exp. s'emploie par plaisanterie pour dire que l'on mĂ©rite lĂ©gitimement ce que l'on a, ce que l'on dĂ©sire [Hum.] * allusion au slogan publicitaire de l'OrĂ©al * s'emploie Ă©galement Ă propos d'autres personnes et de façon ironique ou non "si sa cote chute, c'est parce qu'il le vaut bien" On est parti sans moi exp. Fiquei para trĂĄs brique nf. tĂ©lĂ©phone portable que l'on ne peut plus dĂ©marrer [Fam.];[Hum.] on dit aussi "un tĂ©lĂ©phone briquĂ©" podcast nm. fichier audio ou vidĂ©o que l'on peut tĂ©lĂ©charger [Inform.] le terme officiellement recommandĂ© est "balado" ! honneur nm n. sentiment que l'on a de sa propre dignitĂ© sauver son honneur; c'est tout Ă ton honneur tĂ©lĂ©phone briquĂ© nm. tĂ©lĂ©phone portable que l'on ne peut plus dĂ©marrer [Fam.];[Hum.] passer la vitesse supĂ©rieure vi. aller plus vite dans ce que l'on entreprend [Fam.];[Fig.] voir aussi "appuyer sur la pĂ©dale le champignon" l'herbe est toujours plus verte ailleurs exp. on s'imagine toujours que c'est mieux ailleurs que lĂ oĂč l'on est mĂȘme pas + nom ou adjectif adv. s'emploie pour laisser penser que l'on n'a pas..., que l'on n'est pas... [Hum.] exemple "dĂ©mĂ©nager ton piano ? mĂȘme pas peur !" ressenti nm. la chose que l'on ressent ; ce que l'on Ă©prouve ; le sentiment par ouĂŻ-dire exp. que l'on tient d'une ou plusieurs personnes que l'on a ouĂŻes, donc par oral "Par ouĂŻ-dire dans le journal" ne paraĂźt donc possible que dans un journal sonore pour malvoyants ou pire aveugles et encore il n'y a pas la nuance de bouche Ă oreille.